Les guerriers du chaos, volume 1 – L’amulette d’éternité, chapitre 1


Chers lecteurs, voici une nouvelle histoire à vous mettre sous la dent.La Montagne de feu

Les guerriers du chaos, volume 1 : L’amulette d’éternité

Chapitre 1

On raconte qu’il y a très longtemps le Grand clan des nains de la montagne de feu était un groupe de nains très centrés sur eux-mêmes, au point où ils trouvaient les autres races nullement dignes de leur intérêt. Le Grand clan des nains de la montagne de feu considérait comme un déshonneur grave le fait de fréquenter assidûment un être d’une autre espèce ou même d’un autre clan nain. Et pourtant, un jour vint un événement qui chamboula complètement leur vision des choses.

Par un bel après-midi, une femme humaine se présenta à l’orée de leur village et demanda à être entendue de leur chef. Les gardes, a qui elle présenta cette requête, discutèrent longuement avant de prendre une décision. Normalement, personne en dehors du clan ne pouvait se retrouver devant leur chef. La femme finit par perdre patience devant tant de palabres et proféra des menaces divines sérieuses à l’encontre de leurs futures progénitures si on ne l’amenait pas devant leur chef. Les gardes finirent donc par accepter, voulant au plus vite en finir avec cette femelle hystérique. De toute façon, se dirent-ils, elle finira probablement dans le trou du volcan d’ici la fin de l’entrevue qu’elle désirait tant. Leur chef n’était effectivement pas reconnu comme très patient ni clément envers qui que ce fut, spécialement les femelles hystériques. La jeune femme fut donc amenée devant Knor-sans-Barbe. Drôle de nom pour un nain direz-vous. En fait, il lui fut octroyé lorsqu’il se rasa la barbe pour laver de l’affront que lui avait fait sa dernière épouse, au siècle dernier. Elle l’avait en effet quitté pour suivre un gentil gnome qui était alors de passage.

Depuis ce temps, plus aucun étranger n’était la bienvenue sur leurs terres. Par ailleurs, tout nain du Grand clan qui était surpris en train de parler avec un étranger ou un nain d’un autre clan sans l’accord au préalable du Grand chef était passible de bannissement. La peine de mort était encourue quant à elle si un nain s’amourachait d’un étranger d’une autre race. Pour laver ce déshonneur, les membres de la famille immédiate du nain coupable devaient se raser la barbe. Vous comprenez maintenant les raisons sous-jacentes au geste de Knor-sans-Barbe. Le Grand clan des nains de la montagne de feu vivait donc, depuis le déshonneur de leur chef, dans une réclusion plus ou moins forcée. Leurs frontières étaient fermées et le commerce avec les autres clans et nations diverses avait été aboli. Fort heureusement, leur communauté était suffisamment forte et autosuffisante pour supporter cette réclusion volontaire.

La femme humaine s’agenouilla devant le chef de clan et lui dit :

  • Ö Roi des nains du Grand clan de la Montagne de Feu, la Déesse Nanorna m’envoie pour que je m’unisse à toi. Et de notre union naîtra le Grand Messie qui préparera Sa venue sur notre monde. Elle exige que tu me prennes pour épouse durant cent jours, après cela je partirai et tu ne me reverra plus de ce monde.

Un silence pesant se fit alors entendre dans la salle du conseil. Aucun des nains présents n’osa faire entendre ne serait-ce qu’un soupir. Plusieurs remarquèrent que leur chef avait le visage rouge brique et que ses yeux semblaient lui sortir de la tête. Par la suite, plusieurs affirmèrent qu’ils avaient même vu de la fumée lui sortir des oreilles! Ce que d’aucun réfutèrent.

De la gorge de Knor-sans-Barbe monta un sombre grognement. Si cela est possible, le visage de Knor devint encore plus rouge. Les nains rassemblés autour de lui reculèrent d’effroi. Les colères de leur chef étaient habituellement terribles, mais celle-ci semblait vouloir les dépasser toutes et de loin. Même la femme humaine qui était agenouillée devant lui prit peur et se mit à invoquer tout bas la clémence de sa déesse, lui demandant ce qu’elle avait fait de mal puisqu’elle avait suivi Ses ordres à la lettre. Puis, sans que personne ne s’y attende, Knor-sans-Barbe éclata de rire. Il rit à gorge déployée, il rit à ne plus pouvoir s’arrêter. Les autres nains ne savaient plus comment réagir, mais que se passait-il donc? La femme releva la tête et regarda le chef nain. Elle laissa échapper un soupir et se redressa complètement pour attendre la réponse du nain.

Knor-sans-Barbe se leva de sa chaise et parla d’une voix forte pour que tous l’entendent.

  • Pauvre femme sotte et folle ! Qu’oses donc tu me demander là! Que je m’unisse à une femelle humaine ! Sache que je rejette ta proposition et qu’au grand jamais je ne m’unirai à une femme qui n’est pas de mon clan et encore moins d’une race inférieure ! Dis à ta déesse d’aller voir ailleurs. Mon clan ne la connaît pas et n’est pas intéressé par son culte. Pour que tu puisses lui communiquer directement ces informations, je vais t’envoyer directement la rejoindre ! Gardes ! Emparez-vous d’elle et jetez là dans le volcan qu’on en finisse avec ces idioties, clama-t-il.

Les gardes se regardèrent les uns et les autres, ne sachant trop s’ils devaient obéir ou non. Contrarier une déesse n’était jamais une bonne idée, mais faire ce que la femme demandait leur semblait complètement absurde et déshonorant pour leur clan. En plus, affronter directement leur chef était une très mauvaise idée. Ils prirent donc la femme par les bras et la traînèrent à travers la salle jusqu’au sommet du volcan. Bien entendu, la femme ne se laissa pas faire. Elle cria, jura, donna des coups de pied et gesticula en tout sens pour se débarrasser de leurs poignes solides. Mais les nains étaient robustes et forts et n’éprouvèrent aucune difficulté à la maintenir. Ils escaladèrent le volcan avec leur prisonnière et tous les nains du clan à leur suite. Tous voulaient assister au spectacle et peu leur importait le courroux de cette déesse dont ils n’avaient jamais entendu parler. Arrivés au sommet de la montagne, les gardes se rapprochèrent du Trou de feu et voulurent y jeter la femme. Mais celle-ci se débattit et contre toute attente, elle se libéra de ses geôliers. Elle clama alors haut et fort la prophétie suivante :

  • Sombres idiots vous allez connaître le courroux de Nanorna, la plus puissante déesse du panthéon de Pralynia ! Vous ressentirez tous très bientôt dégoût et répulsion à l’idée de vous accoupler avec les membres de votre propre clan. Vous vous tournerez alors vers les membres des autres clans et ceux d’autres espèces, et ce pour toutes vos générations à venir, jusqu’à l’extinction complète de votre clan.

Puis la femme éclata d’un rire dément et se jeta elle-même dans le feu du volcan. En même temps que tombait la femme, des éclairs déchirèrent le ciel et le tonnerre se fit entendre. Tous les nains se jetèrent par terre et se couvrirent la tête de leurs mains. « Honte à nous d’avoir contredit une déesse! », disaient certains. « Le ciel est en train de nous tomber sur la tête », disaient les autres. Lorsque tout ce vacarme fut enfin terminé et que le silence fut revenu pendant quelques minutes, les nains se relevèrent et retournèrent à leurs occupations habituelles. Tous préférèrent oublier cet événement et la malédiction qui l’avait accompagné. Ils ne voyaient pas ce qu’ils auraient pu faire de plus de toute façon.

Pourtant, au bout de quelques semaines, ils durent se rendre à l’évidence. La malédiction de la prêtresse de Nanorna était réelle. Tous les nains et naines du clan avaient fini par s’apercevoir que la moindre pensée lubrique envers un autre membre de leur clan leur donnait la nausée, leur inspirait du dégoût. Les plus téméraires ou les moins sensibles qui avaient tenté une approche directe ou des contacts avec un autre membre du clan, fussent leur propre partenaire de vie, s’étaient instantanément trouvés en train de vomir tripes et boyaux pendant plusieurs minutes et incapables de manger et de regarder qui que se fut pendant plusieurs jours. Il était évident qu’une mesure immédiate et radicale devait être entreprise pour éviter que leur clan disparaisse dans l’oubli le plus total. Après plusieurs jours de sérieuses réflexions, de fortes nausées et disons-le de plusieurs bagarres plus ou moins sanglantes, le chef de clan fit une découverte.

En effet, après une soirée de beuverie particulièrement arrosée, Knor-sans-Barbe s’aperçut que des contacts charnels étaient possibles si, et seulement si, les deux individus étaient tellement saouls qu’ils ne savaient plus qui ils étaient. Évidemment, dans un tel état d’ébriété le résultat procréateur d’une telle partie de jambes en l’air s’avérait plutôt hasardeux, mais cela leur laissait tout de même une échappatoire à laquelle la déesse n’avait pas pensé semblai-t-il. De toute façon, qui aurait pu prévoir un tel comportement de leur part ? C’était de notoriété public que le Grand clan de la montagne de feu, contrairement à la plupart des autres clans de nains, n’était pas très enthousiasmé par l’absorption d’alcool. À moins que Nanorna ne leur ait laissé cette ultime porte de sortie pour leur porter un coup fatal plus tard. Les voies des dieux sont impénétrables à ce qu’on dit.

Knor-sans-Barbe se devait quand même d’essayer cette option pour la survie de son peuple. Il imposa donc une nouvelle loi à son peuple.

  • À partir de maintenant, tous les cinq ans, tous les nains du clan se réuniront au village. Une grande fête, avec beaucoup d’alcool, aura alors lieu. Lors de cette Fête, tous les nains devront tenter d’avoir des contacts charnels et si possible de procréer avec un autre membre du clan. Si nous voulons survivre à l’extinction de notre clan, cette condition sera obligatoire avant d’avoir le droit de parcourir le monde à la recherche d’autres partenaires. Tout nain qui voudra se soustraire à cette loi sera recherché et mis à mort. Comprenez bien mes chers sujets que je fais ceci dans le but d’éviter que notre descendance disparaisse de la surface du monde.

Et c’est donc, depuis ce temps, les nains de la Montagne de Feu ne se gênent plus pour batifoler avec toutes les races qu’ils peuvent rencontrer. Toutefois, grâce à l’imposition de cette loi et de la Fête de la procréation, les nains du Grand clan de la Montagne de Feu ont survécu. Il y a eu certes quelques récalcitrants à cette nouvelle mesure, mais ils furent promptement remis dans le droit chemin, bien que ce chemin ne fut pas nécessairement celui menant à leur village. Cette fête pris une proportion qui en surprit plusieurs par son intensité ainsi que par sa popularité auprès de tous les clans de nains de Pralynia. Si bien qu’aujourd’hui, les nains des autres clans peuvent maintenant se joindre à la fête à la condition que le fruit de l’union conçut durant celle-ci soit et demeure un membre à part entière du Grand clan de la Montagne de Feu, et donc soumis à toutes ses lois.

Ainsi, ce petit peuple avait pu se soustraire à l’extinction de leur clan, mais non à la malédiction de s’accoupler avec tout un chacun. Les races ou demi-races qui en résultait parfois de ces unions en laissèrent plus d’un perplexes, car la malédiction pris une étendue que les nains ne soupçonnèrent pas. Non seulement, lors unions avec toutes les autres races intelligentes de Pralynia étaient-elles fertiles, mais elles l’étaient également avec les races non intelligentes. Il arriva donc que dans certaines régions reculées du monde, régions où les êtres intelligents se faisaient plus rares, on retrouvait parfois des êtres mi-nains et mi-… autres choses. Quand les nains du clan comprirent ce fait et qu’ils se voyaient pris d’une soudaine frénésie sexuelle, ce qui arrivait tous les six mois si le nain en question ne s’était pas déjà accouplé, ils s’arrangeaient le plus possible pour demeurer près d’une région relativement peuplée d’êtres intelligents. Cela évitait parfois des situations qui pouvaient devenir fort embarrassantes.

Les années passèrent.

Knor se réveilla brusquement. Quel horrible cauchemar il venait de faire. Puis il se souvint qu’il n’avait fait que rêver à son passé. Il se leva, fit sa toilette et s’habilla. Il avait quitté son cher Grand clan de la Montagne de Feu depuis plusieurs années maintenant. N’en pouvant plus de voir les membres de son clan s’amouracher de toutes les créatures qui passaient, il avait un jour tout quitté, sans même dire un au revoir. Les autres membres du clan ne furent pas surpris puisqu’il n’était pas le premier à le faire.

Sa vie avait tourné en rond pendant quelque temps. Mais pour éviter de commettre l’irréparable avec une bête, il était allé s’installer dans la ville de Termina. Là-bas, il s’était mis en affaire avec le truand le plus reconnu du coin, Mercari. Il avait fini par obtenir sa confiance et décrocher des petits boulots de plus en plus importants. Malheureusement, de par sa nature ambitieuse et son arrogance naturelle de chef de clan, il en avait maintenant marre de travailler pour quelqu’un d’autre. Il devait mettre les voiles au plus vite avec le maximum de pièces. Et pour ce faire, il avait un plan en tête. Mercari avait quantité d’objets de grande valeur qu’il pourrait aisément voler pensait-il, et vendre ensuite au plus offrant. Il pensait être capable de mettre son plan à exécution avant que Mercari ne s’aperçoive du complot que son nain préféré avait ourdi contre lui.

Il devait se dépêcher, car c’était ce soir qu’il allait vendre le premier trésor qu’il avait volé à Mercari. Mais pouvait-on vraiment parler de vol ? Qui sait par quel moyen sordide Mercari s’était en fait emparer de ces objets ?


3 réflexions sur “Les guerriers du chaos, volume 1 – L’amulette d’éternité, chapitre 1

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